Un besoin de se ressourcer, de s’évader, de ne plus penser à cet énergumène qui s’installe en ville. Un certain Ware. Les bruits de couloir vont tellement vite qu’il est impossible que ça n’arrive pas aux oreilles de Noah. Il s’intéresse de près à Cody, cherche toujours à savoir ce qui s’y passe. Que ce soit des évènements festifs, ou des choses importantes, comme celle-ci qui risque de mettre en péril la tranquillité de la ville. Ca l’a tellement agacé qu’il a aussitôt appelé Raylan pour savoir si ce dernier était disponible. C’est l’un de ses plus proches amis. Ils se connaissent depuis qu’ils ont huit ans, mais ont connu des hauts et des bas. Leur amitié a été mise à rude épreuve alors que Raylan avait quatorze ans. Une annonce à laquelle Noah ne s’attendait pas. Une annonce sur les préférences de son ami qui n’ont fait que les éloigner. L’incompréhension de Noah, la crainte qu’il ait des gestes étranges avec lui probablement. Jusqu’à la mort des parents Winchester. Un évènement qui l’a marqué. Il se souvient encore des battements de son cœur qui étaient bien trop rapides, bien trop forts et de sa façon de cavaler dans les champs jusqu’à la maison de son ami. Il se souvient de ses bras s’enroulant autour de son corps sans qu’il ne lui demande rien. Il se rappelle avoir dormi auprès de lui pour ne pas le laisser seul. Noah regrette juste que ce soit un évènement dramatique qui les a rapprochés, qui les a rendus inséparables. Raylan, il y tient comme sa prunelle de ses yeux. Ce n’est pas seulement l’un de ses meilleurs amis, c’est aussi un gars qui lui est complémentaire. Il ne compte même plus les fois où il s’est rendu chez lui pour le soutenir dans des épreuves difficiles. Il tient à lui, énormément et le défend contre ceux qui osent le juger trop lourdement. Parce que c’est lui. Parce que c’est eux. Et même si son orientation sexuelle le met toujours un peu mal à l’aise, il y a une chose sur laquelle il mettrait sa main à couper : c’est que leur amitié, ce sera jusqu’à la mort.

La nuit commence à tomber, si bien que Noah ralentit. Le cowboy descend de son cheval et désigne un endroit où ils pourraient s’installer pour la nuit. Il lui arrive de faire ça assez souvent, surtout depuis que leur société touristique, à lui et son frère Caleb a vu le jour. Les expéditions, il connait que trop bien et cette balade lui a fait du bien. Tellement qu’il est à présent de nouveau calme. « Bientôt, ils construiront des routes à n’en plus finir, détruiront les arbres… » Mais ce n’est pas pour autant qu’il en a terminé avec cette conversation. « Il faut chercher du bois. On fait du feu ici, ça te va ? » demande-t-il, en arborant un faible sourire, comme pour s’aider lui-même à se détendre définitivement. Ses yeux sont fixés sur son ami et tandis qu’il penche la tête sur le côté, une question qu’il s’est toujours posée, lui échappe : « Comment tu as su que les hommes étaient ton truc ? Il y a bien eu un élément déclencheur. » Il ne l’a jamais véritablement interrogé à ce propos tant il le mettait mal à l’aise, mais ils se connaissent depuis trop longtemps pour qu’il s’interdise d’être curieux.

C’est ça : les gens qui veulent construire d’immenses bâtiments, construire tout et n’importe quoi, soi-disant pour apporter quelque chose de nouveau, ne respectent plus rien. Noah aime Cody comme ça et il craint le pire. Il ne se dit pas qu’il ne souhaite plus être là pour voir le désastre, non. Il se dit qu’il aimerait que les habitants de sa génération et des suivantes continuent ce qu’ils sont en train d’entreprendre : la défense des terres. C’est important pour lui. Si on le lui demandait, il serait prêt à se mettre en début de manifestation pour défendre son point de vue. Il pourrait organiser tout ça, même. Dès lors que ça touche à Cody, Noah est le premier à se lever. L’homme se détend néanmoins, ramasse quelques branches à son tour, tout en interrogeant son meilleur ami qu’il entend rire. C’est une question stupide ? Noah, lui, il découvre. Il n’a jamais osé questionner les homosexuels qu’il côtoyait à ce propos, parce que ça ne se fait pas. Est-ce qu’on lui demande comment il a su qu’il était hétérosexuel ? Si on lui posait la question, il dirait probablement que c’est « normal ». Alors quand Raylan prend la parole, il l’écoute avec attention, tout en continuant son ramassage de ressources. Noah lève les yeux au ciel, en secouant la tête. Il ne le dit pas, mais il est rassuré de ne pas être son genre. Le fait est qu’il aurait pris peur. « C’est ce que tu dis, mais, je suis sûr que si tu me regardais de plus près, ton cœur commencerait à battre pour mes beaux yeux. » lâche-t-il, en riant. C’est rare qu’il arrive à faire de l’humour à ce sujet et il ne parlerait pas de la sorte avec n’importe qui. Raylan, il le connait tellement bien qu’il peut se le permettre. « Blague à part, ça me rassure. De toute façon, tu n’aurais aucune chance. Je suis bien trop attiré par les longues jambes, les peaux douces et tendres, les petites robes. » Les femmes. Une en particulier, même. Tout ça, ce n’est plus un secret entre eux. « Tu n’as jamais voulu… tenter ? Tu sais, l’odeur fruitée, les rires cristallins… Les femmes son pourtant très… Très… » TRES. Lui, ça lui fait de l’effet. « Tu ne voudrais pas que je t’en présente une ? Pour tenter. » Pour un soir, le temps de voir ce qui pourrait se passer. Si ça se trouve, il pourrait être agréablement surpris, mais Noah a conscience que son ami à sa préférence. Curieux, il reprend : « Qu’est-ce que tu préfères en eux ? En nous ? » Le physique ? Les regards ? Noah ne comprend tellement pas qu’il a besoin d’explication, mais ce qu’il souhaite surtout, c’est d’entrer dans le monde de Raylan. Pendant longtemps, Raylan est resté sur la réserve, a respecté le fait que Noah ne souhaitait pas le voir embrasser un autre, mais à plusieurs reprises, il lui est arrivé de le taquiner sur les regards qu’il posait sur certains hommes. Son but ? Lui montrer, prouver, qu’il s’intéressait à lui et que ses convictions ne devaient pas être un frein à leur belle amitié. Aussi, il aime savoir que Raylan ne lui cache rien et se sent assez en confiance pour se livrer sur tout ce qui lui passe par la tête.